Pourquoi les CMS peu utilisés comme Prestashop ou Magento deviennent un piège (et pourquoi créer son propre CMS est souvent une fausse bonne idée)

Installe-toi confortablement, parce qu’on part pour une petite virée de fond en comble : on va démonter les idées reçues, expliquer pourquoi la rareté des talents devient une épine dans le pied, et pourquoi un CMS maison, aussi sexy qu’il puisse paraître, est souvent une bombe à retardement. Prêt ?

1️⃣ Le mythe de la solution spécialisée

Quand une boîte se dit « Tiens, je veux vendre en ligne, allons chercher une solution e-commerce », elle tombe vite sur les classiques : Shopify, WooCommerce, BigCommerce, mais aussi… Prestashop ou Magento.
Ces deux-là ont longtemps eu une aura de solutions professionnelles, comme si choisir l’un d’eux c’était prouver qu’on était « sérieux ». Prestashop pour les petites boutiques françaises, Magento pour les grosses machines internationales.

Sauf qu’on est en 2025, pas en 2012. Et la réalité a changé :

Les communautés Prestashop et Magento se sont effondrées. Il reste des experts, oui, mais ils sont rares. Très rares. Et cher·e·s. Trouver un développeur Magento fiable aujourd’hui, c’est comme chercher un plombier qui fait du marbre sculpté à la main : ça existe, mais ça coûte un rein.

Les écosystèmes stagnent. Là où Shopify, WooCommerce ou même des solutions SaaS innovantes sortent des mises à jour à la pelle, avec des plugins maintenus et des communautés actives, Prestashop et Magento donnent l’impression d’être des carcasses en slow motion. Les forums sont moins actifs, les extensions vieillissent mal, et les intégrations modernes (je pense au headless, à l’omnicanal, aux API poussées) deviennent de vraies galères.

Et du coup, tu sais ce qui se passe ? Les entreprises se retrouvent avec un outil qu’elles croyaient fiable, mais pour lequel elles n’arrivent plus à trouver de prestataires compétents. Pire : elles dépendent de freelances qui ont parfois quitté la scène, ou de prestataires historiques qui savent qu’ils ont la mainmise et qui facturent en conséquence.

2️⃣ Pourquoi la rareté des compétences plombe la scalabilité

La scalabilité, c’est ce mot-clé magique qu’on balance dans les réunions pour dire qu’on veut pouvoir grandir sans tout casser.
Mais voilà le hic :

Pas de scalabilité sans talents.

Une solution technique, aussi belle soit-elle, reste tributaire des humains qui la font évoluer. Et si ces humains deviennent trop rares, trop chers, ou trop capricieux, ton projet est foutu.

Prenons Magento :

  • Besoin d’une nouvelle fonctionnalité ? Il te faut un dev Magento expérimenté.
  • Besoin d’une refonte ? Il te faut une agence spécialisée Magento, souvent hors de prix.
  • Besoin de corriger un bug critique ? Bonne chance pour trouver quelqu’un qui veuille reprendre un projet monté par une autre équipe sans y laisser sa santé mentale.

Le résultat ?


👉 Des délais qui explosent.
👉 Des coûts qui flambent.
👉 Une agilité proche de zéro.

Et ça, ce n’est pas un investissement. C’est une fuite d’énergie et de ressources.

3️⃣ Le fantasme (dangereux) du CMS maison

Maintenant, parlons d’un autre sujet qui me fait doucement sourire : les entreprises qui disent « On va développer notre propre CMS, comme ça on aura exactement ce qu’on veut ! »

Ah, le sur-mesure… qui n’a jamais rêvé d’avoir une solution taillée pile pour ses besoins ?

Sauf que :

  • Un CMS maison, c’est une dette technique dès le jour 1.
    Tu construis quelque chose qui n’a pas été éprouvé, qui n’a pas de communauté, pas de plugins, pas de mises à jour automatiques, pas d’audits de sécurité globaux. Tu es ton propre garant.
  • Tu es captif de tes devs.
    Les premiers développeurs qui posent les briques deviennent les seuls à comprendre le labyrinthe. S’ils partent, bonne chance pour faire reprendre le flambeau. Et spoiler : les nouveaux devs détestent reprendre un projet maison qu’ils n’ont pas monté.
  • La scalabilité devient un casse-tête.
    Ajouter une nouvelle fonctionnalité ? Il faut tout recoder. Gérer une montée en charge ? Prévoir des audits sur mesure. S’intégrer avec des outils tiers ? Rien n’est plug-and-play, tout est à bricoler.

En gros, tu finis par réinventer la roue, sauf qu’elle est carrée. Et chaque fois que tu veux avancer, ça secoue tout le projet.

4️⃣ Pourquoi l’investissement n’est pas là où on croit

Beaucoup d’entreprises croient qu’en construisant ou en choisissant une solution rare, elles font un « investissement ».
Mais en réalité, elles dépensent. Elles ne capitalisent pas. Pourquoi ?

Pas de mutualisation des efforts : quand tu es sur un outil répandu, la communauté travaille pour toi. Des milliers d’autres utilisateurs signalent les bugs, demandent des nouvelles fonctionnalités, poussent les développeurs à améliorer le produit. Quand tu es sur un outil de niche ou maison, c’est toi qui paies pour tout.

Pas d’amortissement sur le long terme : un CMS populaire bénéficie d’un écosystème qui s’adapte au marché. Il évolue sans que tu aies à y penser. Un CMS rare ou maison, c’est à toi d’anticiper les évolutions, les normes, les contraintes légales, les usages.

Pas de souplesse au changement : imagine demain que tu veuilles pivoter, changer de modèle, migrer. Avec un CMS populaire, il existe déjà des outils, des scripts, des experts pour t’aider. Avec un CMS maison ou exotique, tu es coincé. Chaque changement devient une opération chirurgicale.

5️⃣ Ce que devraient vraiment regarder les entreprises

Alors oui, j’entends déjà les objections :
« Mais Kami, chaque projet est unique ! On a des besoins spécifiques ! »
Bien sûr. Mais spécifique ne veut pas dire exotique.

✅ Il y a mille manières de personnaliser une solution populaire sans tomber dans l’artisanal ingérable.
✅ Il y a des CMS headless hyper puissants, des architectures modulaires, des systèmes SaaS flexibles, qui permettent d’adapter sans s’isoler.
✅ Il y a des agences, des freelances, des partenaires capables de faire du vrai sur-mesure… à partir d’un socle solide.

La vraie question à se poser, c’est :

Est-ce que ce choix va me rendre plus agile demain, ou est-ce qu’il va m’enfermer ?

Et ça, c’est valable autant pour Prestashop, Magento, que pour un CMS développé en interne.

6️⃣ Le vrai coût : l’humain

À la fin, tout ça revient toujours à l’humain.
Car oui, le code c’est important. Oui, la techno c’est essentiel.
Mais sans des gens compétents pour le manier, le faire évoluer, le dépanner, le comprendre, ça reste juste un tas de lignes mortes.

Choisir une technologie, c’est choisir les gens qui iront avec.
C’est choisir un vivier de talents, une communauté, des ressources, une énergie collective.
Quand tu optes pour une solution marginale, tu réduis ce vivier, tu réduis cette énergie, tu t’exposes à une forme de solitude numérique qui, à long terme, coûte bien plus cher que n’importe quelle licence Shopify ou WooCommerce.

En conclusion : plus d’intelligence, moins de fierté technique

Franchement, je ne dis pas qu’il faut toujours suivre la masse sans réfléchir. L’innovation, l’audace, le pari technologique ont leur place.
Mais il faut savoir distinguer un pari intelligent d’un pari orgueilleux.

  • Choisir une techno rare parce qu’elle résout un problème mieux que les autres, pourquoi pas.
  • La choisir juste parce qu’elle semble plus « pro », sans anticiper les coûts humains, les difficultés de recrutement, les limitations de scalabilité : non.
  • Développer son propre CMS pour éviter les coûts de licence ou obtenir du 100 % sur mesure, sans avoir une armée de devs en interne pour maintenir et faire évoluer l’outil : non plus.

Au fond, une entreprise doit chercher à investir là où ça crée de la valeur, pas là où ça crée de la dépendance.

Et toi, tu sais ce que tu veux ? Un projet qui dure, ou un projet dont tout le monde va fuir dès que ça sent le roussi ?

Je te laisse méditer là-dessus. On en reparle autour d’un café si tu veux. 😉

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